Le flop de l’EPR : arrêtons les frais !

Jadis, on nous a (sur)vendu l’EPR de Flamanville comme la Rolls-Royce de la centrale nucléaire ultra-sécurisée. Il y avait des gens pour y croire. Enième coup de théâtre il y a quelques semaines seulement sur les affres technologiques Flamanvilliens, on a découvert dans le fond de la cuve du réacteur et dans la composition de l’acier du couvercle une anomalie jugée «sérieuse voire très sérieuse» par l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). Les tests sont formels : il semble que la partie censée «contenir» la radioactivité (durée estimée à 60 ans) accuse une capacité de résistance bien trop faible.

Le scénario catastrophe a des conséquences car ces problèmes techniques se posent également sur les deux EPR vendus à la Chine (du coup les autorités locales ont stoppé leurs chantiers)… Ces complications et les lourds contrôles supplémentaires impliqués réévalue la facture côté français considérablement à la hausse. On pourrait notamment évoquer aussi les milliards/€ de perte sèche concernant l’EPR vendu en Finlande… qui ne fonctionne toujours pas depuis la signature de la vente et ce depuis des années. Qui paye à votre avis ?

Initialement prévu à 3,3 milliards/€, l’EPR de Flamanville – fleuron de la technologie nucléaire – voit son coût financier gonfler à presque 10 milliards/€ – pour l’instant car ce n’est pas fini !!! Ce fiasco annoncé n’arrange en rien les affaires d’Areva puisque le groupe est en totale faillite ; Areva annonce 6000 suppressions d’emplois (ce n’est qu’un début) et affiche en 2014 une perte de 4,8 milliards/€ !

Inefficacité de l’EPR Finlandais, gouffre financier sans fin de l’EPR de Flamanville, chantiers internationaux gelés, (pour ne citer que ces cas…)… Ne faut-il pas enfin se poser la question ; n’ est-il pas temps d’arrêter l’hémorragie du porte-monnaie et la perte de temps ?…Rassurez-vous, le nucléaire pourra compter sur… vous et moi, les contribuables français ! En effet, l’Etat détient 84,5% du groupe… donc il va re-re-re-re-re-remettre la main au « trésor-public ».

Une étude de l’ADEME (un rapport prospectif nommé «Vers un mix électrique 100% renouvelables en 2050» démontre, avec un investissement d’environ 50 milliards/€/an, que la France a la capacité d’atteindre pour 2050 100% d’électricité renouvelable. Initialement, ce rapport aurait dû être présenté au colloque organisé par le ministère de l’Ecologie (1)… Mais comme ce scénario remettait en cause sérieusement la doctrine nucléaire, celui-ci, jugé dérangeant, fut tout simplement enterré.

Les salariés d’Areva ne doivent pas payer pour l’entêtement du gouvernement à continuer dans cette filière mortifère. La priorité doit être d’offrir à ces employés mis sur la touche une reconversion  dans le développement des énergies renouvelables ou la filière du démantelement. Le rapport de l’Ademe prouve une nouvelle fois que – pour un coût similaire – on peut alimenter la France à 100% en énergies propres, non-dangereuses et n’impliquant pas les générations futures. Pour les écologistes, l’avenir est aux énergies renouvelables, cela implique la sortie du nucléaire et un investissement massif dans le développement de ces énergies alternatives.

Pascal Feugé – secrétaire EELV Aube & Maxime Beaulieu – porte parole EELV Champagne-Ardenne

(1) mi-avril 2015 – colloque consacré aux énergies renouvelables.

Dernière minute / Relais du communiqué Europe Ecologie les Verts national après l’annonce officielle du gouvernement du rachat d’Areva par EDF :

Rachat d’Areva par EDF : l’entêtement se prolonge

Longtemps présentée comme un fleuron industriel au service d’une -pseudo- filière d’avenir, Areva est aujourd’hui au bord de la faillite. Pour les écologistes, le naufrage d’Areva ne justifie pas d’entraîner EDF dans cette chute vertigineuse.

EELV dénonce en ce sens les annonces du gouvernement, tant sur le rachat d’un secteur stratégique d’Areva par EDF, la recapitalisation de plusieurs milliards d’euros -aux frais du contribuable – de l’entreprise symptôme et symbole de la déliquescence de la filière nucléaire, ou même des prises de participation de la Chine pourtant incompatibles avec la légende de l’indépendance énergétique française.

Pour les écologistes, les difficultés d’Areva sont une évidence tant l’entreprise a accumulé les erreurs stratégiques du passé, le manque de vision criant nourri par un lobbying maladif à propos d’une énergie nucléaire sur le déclin, car de plus en plus coûteuse, de moins en moins sûre et dont le problème du stockage des déchets n’est toujours pas réglé.

En cela, toutes les solutions proposées par le gouvernement sont condamnées à l’échec s’il n’y a pas de réorientation urgente -pour la populations et les milliers de salariés- vers la transition énergétique et un projet stratégique mieux adapté au XXIème siècle à l’heure du développement croissant des énergies renouvelables, la chute de leurs coûts, et des innovations en matière de stockage.

Les écologistes rappellent ainsi la nécessité d’investir dans les énergies d’avenir, et non plus celles du passé, au moment où une loi de transition énergétique vient d’être enfin adoptée et alors que la France doit faire montre d’exemplarité environnementale à quelques mois de la conférence de l’ONU sur le climat.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux