1. L’Europe traverse une crise financière et budgétaire. Les finances publiques des pays membres de la zone euro sont mises à mal. Les agences de notation menacent de dégrader la note de la France. Quels sont les principaux risques auxquelles l’Europe et la France sont confrontés ?
La perte du triple A de la France aurait pour conséquence d’augmenter le taux d’intérêt de ses emprunts sur les marchés financiers. Pour l’instant, la France emprunte encore à des taux extrêmement bas (2,78 % en 2011 en moyenne selon l’agence France Trésor). La perte du triple A pourrait augmenter ce taux de 120 points de base (+1,2 %), et donc représenter un surcoût de 2,5 milliards d’euros sur les 50 milliards que représente désormais la charge annuelle de la dette française.
Ce n’est donc pas un problème majeur à court terme, mais d’une part, la France pourrait rester plusieurs années dans cette situation, et d’autre part, cette dégradation aurait des conséquences également sur les conditions d’emprunt des entreprises françaises.
Mais le risque majeur est un risque systémique dans la zone euro : le défaut d’une partie des dettes des pays d’Europe du Sud peut entrainer la nécessité de recapitaliser les banques européennes détentrices de cette dette, pesant ainsi sur le budget des Etats. Si les gouvernements imposent des politiques d’austérité et les banques arrêtent de prêter aux PME pour maintenir leur activité de financement … des fonds spéculatifs (plus risqués mais plus rentables), la possibilité de voir s’écrouler l’économie est réelle.
2. Faut-il contrôler les agences de notation ?
Oui Les agences de notation doivent être contrôlées et nous proposons des agences de notation publiques. Car nous mettons en doute leur capacité à évaluer correctement les risques, à apprécier la soutenabilité à long terme des politiques publiques, et nous réfutons leur droit à faire des préconisations en matière de politiques publiques car il s’agit d’une ingérence sur des choix politiques qui en démocratie relèvent des gouvernements.
3. Quelles solutions apportent les écologistes ?
En définitive, cette crise est d’abord une crise politique. Les atermoiements sur la gestion de la dette grecque montrent que les partenaires européens n’ont pas fait de choix clair entre le fédéralisme et l’éclatement de la zone euro. La droite partout au pouvoir en Europe n’a pas de stratégie européenne de sortie de crise.
Nous, écologistes, nous voulons d’abord le renforcement de la gouvernance européenne, la solidarité au travers de la création d’euro obligations par un Trésor Européen, et l’évolution du rôle de la BCE qui doit devenir le prêteur en dernier ressort et qui doit pouvoir faire de la création monétaire comme toutes les banques centrales au monde.
La création monétaire n’est pas la solution à tous nos problèmes. Le risque inflationniste existe. L’inflation a dépassé les 5 % en Grande Bretagne. Et nous ne sommes plus dans la période des trente glorieuses où l’évolution des salaires suivait celle de l’inflation. Mais on ne peut pas se priver de cet outil, pour diminuer la pression exercée aujourd’hui par les marchés.
Par ailleurs, la conjonction des plans d’austérité crée un risque réel de récession économique qui mènera à une régression sociale sans même réduire les déficits publics, puisqu’elle grèvera les recettes fiscales et augmentera les dépenses sociales. C’est à cela que nous devons répondre en priorité.
Nous écologistes européens nous proposons un autre chemin de sortie de crise. Ce n’est pas par l’austérité mais par l’investissement que l’Europe peut s’en sortir. Notre priorité c’est un investissement massif dans la transition écologique de l’économie qui créera 600 000 emplois en France dans les transports, l’isolation thermique, les énergies renouvelables et l’agriculture biologique.
Cet investissement est possible car les marges de manoeuvre fiscales existent. Nous le martelons, les baisses d’impôt accordées depuis 2000 représentent 100 milliards d’euros de manque à gagner annuel pour l’Etat. Le seul fait de revenir sur la réforme de l’impôt sur les successions mise en oeuvre par le gouvernement rapporterait 5 milliards à l’Etat par an. Revenir sur la dernière réforme de l’Impôt sur la Fortune de 2011 permettrait également d’engranger 2,3 milliards d’euros. Au lieu de cela, le gouvernement préfère relever la TVA sur les travaux dans le logement social. Ce sont sur ces arbitrages que les Français auront a se prononcer dans la campagne.