Le 29 mai 2011, à l’appel du Field Liberation Movement (FLM), plusieurs centaines de citoyens européens ont remplacé des pommes de terre génétiquement modifiées pour résister au mildiou par d’autres naturellement résistantes à cette maladie dans un essai en plein champ sur la territoire de la commune Flamande de Wetteren. Parmi eux, 11 activistes ont été arbitrairement sélectionnés : ils sont convoqués ce 8 mai 2012 au tribunal de Termonde. Outre l’arrachage des patates génétiquement modifiées, ces personnes sont poursuivies pour « association de malfaiteurs », comme revendiqué le 30 mai 2011 par le ministre-président belge Kris Peeters. De nombreux autres participants non cités devant le tribunal, ainsi que des personnalités scientifiques, académiques, politiques se sont déclarés solidaires des 11 inculpés dans la procédure devant la justice. Ainsi Bart Staes, député belge du groupe Vert/ALE au Parlement européen, s’est rendu au tribunal de Termonde (Belgique) et a déclaré :
« Chacun des participants a assumé ses actes, partant du principe que « n’est pas responsable qui, face à un danger qui le menace, désobéit à la loi ». J’estime qu’ils ont agi en état de nécessité face à l’accaparement du vivant par les firmes de biotechnologies brevetées. Ces essais en plein champ nous conduisent inéluctablement à une agriculture polluante, énergivore et à l’opposé des systèmes agricoles durables que nous préconisons.
Les évaluations insuffisantes et incomplètes des risques environnementaux et sanitaires, en particulier en raison de la destination de cette variété OGM de pomme de terre à la consommation humaine, et le refus de prendre en compte les dégâts socio-économiques potentiels de sa culture, justifiaient pleinement l’action de neutralisation de cet essai en plein champ.
La démonstration par l’absurde de l’influence des lobbies de la biotechnologie nous a encore été donnée la semaine dernière, quand le gouvernement belge a autorisé un essai de maïs OGM en plein champ, alors même que le Conseil de biotechnologie avait exprimé le manque d’intérêt scientifique de cet essai. Les inculpés doivent être relaxés et les essais en plein champ arrêtés. »
Selon l’ensemble des eurodéputés Verts, la résistance civique est un élément essentiel pour stimuler le débat public en démocratie. Le fait qu’un ministre président comme Kris Peeters ait réclamé, le lendemain même de l’action, des poursuites juridiques à l’encontre des activistes, n’est pas un signe d’une démocratie saine.
José Bové, eurodéputé EELV et Vice-Président de la Commission de l’Agriculture et du Développement Rural, déclare :
« J’apporte mon entier soutien aux 11 inculpés du procès de Termonde. Ils ont agi pour la défense d’une agriculture et d’une alimentation sans OGM, que revendiquent plus de 70% des Européens, et qui seront irrémédiablement condamnées si les essais en plein champ et les cultures d’OGM ne sont pas stoppés.
C’est grâce à l’action non violente revendiquée publiquement que les libérateurs belges et européens obtiendront l’interdiction et l’arrêt des essais en Belgique, comme nous l’avons obtenu en 2008 en France, et comme nous avons également obtenu l’interdiction des les cultures commerciales de maïs génétiquement modifié.
Cette semaine, le Parlement examinera la décharge budgétaire de l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments. Pour la première fois, la Commission du Contrôle du Budget n’a pas donné son feu vert. Elle considère en effet que les actions menées depuis deux ans n’ont pas été suffisantes pour réduire l’influence exercée par les lobbies industriels, et en particulier l’ILSI, sur le Conseil d’administration et sur les décisions prises par les différents panels scientifiques. Les personnes poursuivies expriment donc, à leur manière, les mêmes inquiétudes qu’un nombre croissant de parlementaires européens. Ceci devrait donner matière à réflexion aux juges chargés de ce procès dont les Verts européens souhaitent qu’il soit enfin l’occasion d’exprimer les véritables enjeux environnementaux, sanitaires et socio-économiques des OGM. »