Cette rentrée exhale décidément des relents nauséabonds. Le Ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, était hier en visite sur les Champs Elysées, pour y parler… « sé-cu-ri-té ». Et qui a-t-il trouvé comme coupables ? Les « roumains », évidemment. En livrant, une fois de plus, ces personnes comme sujet de haine, Claude Guéant, Ministre de l’Intérieur, sert la soupe à ses amis de la fameuse « Droite populaire ».
En présentant son « plan de lutte contre la délinquance roumaine », le ministre de la République a promis aux « mis en cause » roumains, y compris jeunes mineurs, un éloignement rapide du territoire national, « qu’il soit volontaire ou pas », tout en affirmant que « ces jeunes doivent rapporter, par jour, entre 70 et 100 € à ceux qui les contraignent »… « Plutôt que de protéger de jeunes victimes, on les punit donc en les expulsant, sans autre forme de procès. C’est tout simplement inique et scandaleux », déclarent Patricia Andriot, Vice-Présidente du Conseil Régional de Champagne-Ardenne, et Valérie LABARRE, Conseillère Régionale (et présidente de la commission Formation et Insertion).
« L’air devient irrespirable pour tous les citoyens qui ne peuvent accepter que l’incapacité gouvernementale en matière d’insécurité serve de prétexte à un ministre de la République française pour offrir à la vindicte populaire ici des jeunes Roumains, là des adultes comoriens, et finalement les valeurs de notre République » déclarent les deux élues du groupe Europe Ecologie Les Verts.
Ne nous y trompons pas, il ne s’agit nullement d’un faux pas. Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, ne fait que se placer dans la droite ligne du tristement célèbre « discours de Grenoble », prononcé par Nicolas Sarkozy en 2010, alors que Guéant Claude était secrétaire général de l’Elysée. C’est bien d’une stratégie concertée et électoraliste, visant à rabattre vers l’UMP les voix du Front National, dont il s’agit. Nous, élues de la République, exprimons notre honte devant les propos de Claude Guéant, lorsqu’il stigmatise, au nom de la France, la population roumaine, ou lorsqu’il affrète un tramway de la RATP mis à disposition de la police pour expulser des Roms de Seine-Saint-Denis. Tout aussi indigne est l’attitude de Christophe Bay, Préfet de l’Aube, lorsqu’il fait expulser, au mépris d’une demande de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, Muharem Saciraj, Rom et musulman kosovar, menacé au Kosovo pour ses origines.
Il n’est pas admissible de laisser ainsi bafouer les principes fondamentaux de notre République au prix de mensonges répétés sans cesse. Même les chiffres de l’INSEE sont détournés, pour leur faire dire ce que Claude Guéant a envie d’entendre. De toute évidence, la place nouvelle donnée par la majorité UMP tout entière ressort d’une stratégie pensée et assumée pour aller draguer, sans honte les voix des électeurs xénophobes et racistes.
Et nous ne pouvons que constater que cette attitude indigne de notre République est partagée largement à l’UMP. Rappelons que, la semaine dernière Alain Marleix ironisait sur « notre Coréen national », Jean-Vincent Placé, Vice-Président EELV du Conseil Régional d’Ile de France, et candidat aux élections sénatoriales du 25 septembre prochain.
Pour notre part, nous appellerons sans faillir à des valeurs de tolérance, d’ouverture et de diversité qui fondent notre projet politique. Nous les défendrons pied à pied, et nous aurons à cœur de démontrer que ces valeurs fondent solidement notre société et son pacte de bien vivre ensemble.
Patricia ANDRIOT et Valérie LABARRE