Depuis dix mois, socialistes et écologistes discutent avec passion, programme, partage des rôles et gouvernance, en vue d’une alternance réussie en 2012. S’appuyant sur des réalisations communes dans de nombreuses collectivités territoriales et sur l’expertise de vastes secteurs de la société civile, un gros travail impliquant des dizaines de militants et de cadres de part et d’autre a permis une reconnaissance mutuelle forte et de relever déjà de substantielles convergences sur le fond.
Au point qu’on pouvait raisonnablement pronostiquer, par l’heureuse conjugaison d’un bon climat de négociation et d’une prise en compte de bon aloi des résultats écologistes aux élections depuis plusieurs années, la conclusion sans trop de secousses d’un accord qui ferait date.
Comme c’était prévisible, la désignation de François Hollande à la candidature socialiste, qui plus est dans un contexte de crise majeure en Europe, a ouvert un temps de calage et de réglage plus fin des termes de la négociation.
Quand on est un socialiste sérieux, on n’aspire pas à présider une grande puissance comme la France sans s’intéresser aux termes de l’alliance appelée à faire la loi et gouverner, sans vérifier par exemple ses conséquences sur les grands équilibres de la nation, les finances publiques ou les engagements internationaux du pays.
Et quand on est un écologiste conséquent, on s’assure en outre, sous la cinquième République et justement parce qu’on veut passer a la sixième, que le partenaire présidentiable est porteur d’un projet compatible avec le redressement écologique de la planète, la reconversion de l’économie, le renouveau des droits.
Ceux de nos concitoyens qui ont contribué à la désignation de François Hollande, savent bien qu’un accord entre socialistes et écologistes est indispensable pour rassembler le pays contre le candidat du camp conservateur : sans prise en compte des apports de la composante écologiste, les chances de victoire seraient fortement compromises.
Supposons même même que l’extrême fatigue du pays la rende possible: qui pourrait croire qu’un président socialiste et un gouvernement rose appuyé sur un parlement monocolore pourraient à eux seuls dans une instabilité mondiale durable, non seulement résister au déchainement des lobbies et des intérêts particuliers, mais mobiliser toute la société pour un changement fort inscrit dans le long terme ?
Il faut donc réussir l’accord.
Les postures de tartarin, de surenchère, de mépris, de diktat ou de soumission ne sont donc pas de mise.
Ce qui est convoqué dans les 10 jours qui viennent, c’est le réalisme, la responsabilité, le respect et le courage..
Jacques Archimbaud
Secrétaire National Adjoint d’Europe Ecologie Les Verts
En charge de la coordination